Nos constats
Genève est l'une des villes les plus embouteillées du monde ! Cette information a récemment encore été relayée dans la presse suisse. Selon un fabricant de système de navigation embarqué, Genève se classe au 22ème rang des villes les plus congestionnées, parmi un panel de 387 villes, et ce, malgré l'entrée en service du Léman Express en 2019.
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Le phénomène ne devrait pas s'améliorer dans les prochaines années. En effet, le Canton de Genève attire de plus en plus de travailleurs et d'habitants. Ces derniers ne trouvant pas toujours à se loger sur le territoire cantonal se reportent vers le Canton de Vaud, les départements de l'Ain ou de la Haute-Savoie, générant des flux importants. Plusieurs études de l'Institut national de la statistique et des études économiques mettent en avant une croissance démographique soutenue dans les deux départements français limitrophes. Selon SVIT Schweiz, le marché de l'immobilier genevois et vaudois présente les taux de vacance les plus bas de Suisse (près de 1%) et les délais de publication d’annonces les plus courts (moins de 3 semaines), témoignant ainsi d’une importante pénurie de logements locatifs.
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Si elle n'est pas accompagnée de mesures efficaces, cette croissance démographique générera une augmentation de la pollution, une diminution de la qualité de vie, et, à terme, risque de porter atteinte au développement du Grand Genève. La France et la Suisse sont toutes deux signataires de l'accord de Paris, dit "COP21", fixant comme objectif une limitation du réchauffement mondial entre 1,5 °C et 2 °C d’ici à 2100. Pour ce faire, il convient donc de diminuer de manière drastique nos émissions de CO2.
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Nous exposerons ci-dessous plusieurs constats, notamment :
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La croissance démographique au sein du Grand Genève
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La croissance du travail frontalier, antérieur au Léman Express
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La part modale du Grand Genève comparée à celle de Zürich
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Un besoin urgent de décarbonation​
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La conclusion de ces constats nous aidera à dessiner les contours des solutions à apporter.
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La croissance démographique au sein du Grand Genève
La croissance démographique au sein du Grand Genève, plus précisément dans les territoires limitrophes du Canton de Genève, de l'Ain et de la Haute-Savoie, est l'une des plus dynamiques de la région. Celle-ci est très bien documentée par L'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Dans l'une de leur récente étude, nous pouvons lire: L’attractivité résulte principalement de l’influence de deux grandes agglomérations extérieures au département que sont Lyon et Genève, et de leur desserrement urbain. La plupart des villes sous l’influence de Genève (Saint-Genis-Pouilly, Gex, Ferney-Voltaire et Divonne-les-Bains) enregistrent des taux de croissance très élevés (de + 2,4 % à + 5,3 % par an), plus de deux fois supérieurs à l’évolution départementale.
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L'étude complète peut être consultée sous le lien suivant.
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​L'INSEE propose également une étude similaire pour le département de la Haute-Savoie. Ainsi, on constate des similarités entre les deux études en raison de la proximité de Genève et de ces territoires : Les grandes aires urbaines de Haute-Savoie (Genève-Annemasse, Annecy, Cluses, Thonon-les-Bains et Sallanches) progressent fortement entre 2011 et 2016. La partie haut-savoyarde de l’aire urbaine de Genève-Annemasse est particulièrement dynamique, avec une croissance démographique de 2,1 % par an en moyenne entre 2011 et 2016. Saint-Julien-en-Genevois, par exemple, à la frontière suisse, enregistre un taux de croissance annuel moyen de 3,3 %, plus de deux fois supérieur à celui du département. La commune gagne ainsi 3 000 habitants supplémentaires en dix ans, dont 2 000 sur les cinq dernières années.
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L'étude complète peut être consultée sous le lien suivant.
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Enfin, côté helvétique, l'Office Fédéral de la Statistique (OFS) publie le taux de logements vacants en location et en propriété. Côté romand, Genève est le canton qui dispose du moins de logements vacants avec un taux de 0,6 % (OFS 0,49 %). S’ensuit le canton de Vaud avec 1,9 % (OFS 1,37 %). A partir de 3,0%, il est question d'offre excédentaire et ce cas s'applique à 17 cantons alémaniques et romands. Ce n'est que dans les zones urbaines où il existe encore une demande excédentaire. ​​​​
La croissance du travail frontalier, antérieur au Léman Express
Toujours selon l'INSEE, dans les zones proches de la frontière, le phénomène du travail frontalier revêt une importance majeure. Ainsi, en Haute-Savoie, plus d’un actif sur cinq (22 %) exerce son activité professionnelle en Suisse. Cette part dépasse même 50 % pour un septième de ses communes. Ce phénomène s’intensifie en Haute-Savoie et dans l’Ain entre 1999 et 2016. De surcroît, il s’étend géographiquement. Ainsi, en 2016, dans ces deux départements, la part de la population active travaillant dans un pays frontalier dépasse 25 % dans 146 communes. En 1999, elles n’étaient que 104 à atteindre ce seuil.
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A la lecture de cette étude, qui peut être retrouvée intégralement ici, on constate que sur une période de 17 ans, antérieure au développement du Léman Express, un effet de périurbanisation intense a eu lieu au sein du Genevois français. Autrement dit, le développement des mobilités, y compris du ferroviaire, n'est pas à mettre en corrélation directe avec l'augmentation du nombre de travailleurs frontaliers.
Néanmoins, afin de soulager durablement la pression exercée sur tout le territoire par un trafic motorisé individuel intense, il convient d'effectuer un report modal massif. Cette augmentation du trafic motorisé individuel est très bien représentée sur la carte du trafic routier de l'Ain, consultable ici.
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On constate plusieurs chiffres impressionnants :
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Valserhône - Collonges : > de 12'000 véhicules par jour.
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Thoiry - Saint-Genis-Pouilly : +/- 30'000 véhicules par jour.
La part modale du Grand Genève comparée à celle de Zürich
C'est un exercice auquel les suisses sont bien acquis : la comparaison de la suisse romande et de la suisse alémanique, ou plus précisément de Genève et de Zürich. Ces deux bassins de population présentent en effet des similitudes :
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Le Grand Genève compte 1'027'000 habitants (chiffres grand-geneve.org)
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L'agglomération de Zürich compte 1,315,000 habitants (chiffres coe.int)
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En revanche, les parts modales en pourcentage de ces deux agglomérations diffèrent énormément. En effet, comme le schématise le tableau ci-dessous, le train vient gagner des parts modales à partir de 6-8 km du centre-ville et jusqu'à 30 km (zone située entre le cercle rouge et l'orange dans les schémas ci-dessous), là où les transports publics ne sont plus autant efficaces. A Genève, les parts modales sont toujours assez faibles, malgré l'avènement du Léman Express en 2019, car le réseau n'est pas encore suffisamment développé.
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Ces informations font partie d'une étude globale réalisée par le bureau de recherche 6t, associée à alius consulting. Elle peut être consultée ici.​​​​​
Un besoin urgent de décarbonation
Selon la charte du Grand Genève, nous devrons diminuer notre empreinte carbone par 10 au cours des prochaines années si nous souhaitons atteindre les objectifs fixés de décarbonation. en effet, l'Accord de Paris que la France et la Suisse ont ratifié prévoit de limiter le réchauffement global à +2°C, voire +1,5°C, par rapport à l'ère préindustrielle. A l'échelle du bassin genevois, cela doit se traduire par une réduction entre -40% et -60% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2030 par rapport à 1990, et par la neutralité carbone nette en 2050 soit une division par 10 de l'ensemble de nos émissions d'équivalent CO2 (voir graphique ci-dessous).
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Les Conseils législatifs de l'Union européenne, de la France, des cantons de Genève et de Vaud ont déclaré l'urgence écologique et climatique. Des dispositifs sont en cours d'élaboration ou d'adoption pour concrétiser ces intentions. Néanmoins, la "hauteur de la marche" est telle qu'il s'agit de redoubler d'efforts afin de nourrir un mouvement collectif de fond qui permette d’orienter en quelques années la trajectoire de l’ensemble de notre société vers la neutralité carbone.
Conclusion
A la lecture des différents éléments susmentionnés, nous pouvons conclure que :
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la croissance démographique au sein du Grand Genève est soutenue.
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la raréfaction des biens immobiliers au sein du Canton de Genève, et la cherté de ceux à proximité de la frontière poussent les travailleurs frontaliers toujours plus loin, conduisant à une périurbanisation intense au sein du Genevois français.
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les parts modales ne sont pas aussi développées que dans des bassins de population similaires, en raison d'une infrastructure peu adaptée et majoritairement prévue pour le trafic motorisé individuel.
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la nécessité de décarbonation de nos sociétés nous oblige à accompagner cet accroissement de population en proposant des alternatives capacitaires, décarbonées, calées sur les flux de mobilités futurs.
C'est dans cette optique que nous avons travaillé notre vision de la mobilité au sein du Grand Genève à l'horizon 2050. Vous la trouverez ici.