


Vers la création d’une ligne L8 du Léman Express entre Évian-les-Bains et Valserhône : enjeux, limites et perspectives
Dans le cadre du développement du réseau Léman Express et de l'amélioration de la desserte ferroviaire dans le Grand Genève, la création d'une nouvelle ligne L8 reliant Évian-les-Bains à Valserhône constitue une opportunité stratégique. Cette nouvelle ligne permettrait de transformer l’actuelle liaison TER en une offre plus lisible, intégrée et attractive, en cohérence avec la dynamique de mobilité transfrontalière impulsée depuis 2019 par le Léman Express.
Cette liaison assurerait une meilleure connectivité est-ouest au sein du territoire du Grand Genève, tout en renforçant les complémentarités entre les différents modes de transport. En lien avec la future ligne L7, elle permettrait également d’étendre l’influence du Léman Express vers des territoires aujourd’hui sous-desservis, contribuant ainsi à une meilleure répartition des flux.
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1. Contraintes techniques et capacité d’exploitation
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L’un des principaux obstacles à la mise en œuvre d’un service cadencé reste la configuration actuelle de l’infrastructure ferroviaire. La ligne entre Évian-les-Bains et Valserhône est en grande partie à voie unique, ce qui limite les possibilités de circulation. Sans travaux d’infrastructure significatifs, notamment le doublement de certains tronçons, il n’est pas envisageable d’aller au-delà d’un cadencement à la demi-heure.
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Il est toutefois possible de mettre en place une desserte cohérente à raison d’un train toutes les 30 minutes, ce qui représente un progrès considérable pour les usagers, notamment dans les territoires situés en dehors du sillon Lémanique principal. Cette cadence serait suffisante pour répondre à une demande croissante, tout en restant compatible avec les capacités actuelles de la ligne.
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2. Articulation avec les lignes existantes et futures
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La ligne L1 du Léman Express circule déjà entre Annemasse et Évian-les-Bains. La future ligne L8 viendrait compléter cette offre en poursuivant le tracé au-delà d’Évian en direction de Valserhône, en traversant notamment la vallée de l’Arve et les territoires frontaliers.
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Par ailleurs, la ligne du piémont du Salève est appelée à jouer un rôle stratégique dans le réseau métropolitain à long terme. Elle devrait, à terme, être empruntée par des rames du futur métro genevois, ce qui souligne la nécessité de concevoir une complémentarité intelligente entre les offres régionales et métropolitaines.
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3. Maintien des circulations de fret
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La transformation de cette ligne en service voyageurs renforcé ne doit pas se faire au détriment des circulations de fret. Le transport ferroviaire de marchandises demeure essentiel sur cet axe, en particulier pour les convois transportant les eaux minérales d’Évian ainsi que les flux de déchets. Ces trafics doivent pouvoir continuer à circuler dans des conditions optimales, dans une logique de cohabitation efficace entre trafic voyageurs et fret.
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4. Soutiens politiques et institutionnels
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La création de la ligne L8 bénéficie d’un soutien politique et associatif notable. En particulier, la députée Virginie Duby-Muller s’est prononcée en faveur de ce projet, soulignant son intérêt stratégique pour les territoires concernés. De plus, plusieurs associations engagées dans la promotion de la mobilité durable — notamment l’ATE, Alprail, l’ARDSL, Actif-Trafic et LEX 2050 — ont conjointement formulé une proposition formelle à cet effet, adressée à M. Pierre Maudet, conseiller d’État genevois en charge du Département de la Santé et des Mobilités, ainsi qu’à M. Frédéric Aguilera, président d’Auvergne-Rhône-Alpes Mobilités.
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À ce jour, aucune réponse officielle n’a été apportée à ces sollicitations, ce qui souligne la nécessité d’un dialogue renforcé entre les acteurs institutionnels pour faire avancer ce dossier.
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5. Perspectives et études complémentaires
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La création d’une ligne L8 du Léman Express devrait s’accompagner d’une refonte tarifaire visant une meilleure harmonisation des politiques de tarification à l’échelle du Grand Genève. Une intégration tarifaire complète renforcerait l’attractivité du réseau et simplifierait les trajets pour les usagers, qu’ils soient frontaliers, pendulaires ou occasionnels.
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Par ailleurs, une étude spécifique, en lien avec le projet de diamétrale ferroviaire du Grand Genève, devrait être engagée afin d’évaluer la faisabilité de la réouverture de plusieurs gares historiques, notamment celles de Vulbens, Viry, Archamps et Bossey-Veyrier. La réactivation de ces points d’arrêt permettrait une desserte fine des territoires périurbains, tout en accompagnant leur développement démographique et économique.
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6. Potentiel de réalisation
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Le potentiel de réalisation de la ligne L8 peut être qualifié de moyen à élevé, notamment en raison du fait que sa mise en œuvre ne nécessiterait pas, dans un premier temps, de lourds travaux d’infrastructure. L’optimisation de la desserte, dans la limite des capacités actuelles de la voie unique, permettrait un déploiement progressif et pragmatique, sans engager immédiatement des investissements majeurs.
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Cette faisabilité technique à court terme rend la ligne L8 particulièrement pertinente dans le cadre des ajustements à venir du réseau Léman Express, en réponse aux besoins de mobilité transfrontalière et interrégionale.
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