C'est LA question : « Pourquoi construire la nouvelle diamétrale ferroviaire en direction de Saint-Genis-Pouilly, alors que l’urbanisation se concentre entre Gex et Ferney-Voltaire?"
- Alain Mayaud
- 19 sept.
- 3 min de lecture
Vendredi dernier, deux membres du bureau de l’association – la vice-présidente, Mme Delphine Klopfenstein Broggini, et le président, M. Alain Mayaud – étaient présents à Gex pour participer à un débat consacré aux questions de mobilité et d’urbanisme dans le Pays de Gex.
À l’issue de la présentation, une interrogation nous a été adressée, que nous souhaitons partager :« Pourquoi construire la nouvelle diamétrale ferroviaire en direction de Saint-Genis-Pouilly, alors que, depuis plus de quinze ans, l’urbanisation se concentre entre Gex et Ferney-Voltaire ? »
Cette question mérite toute notre attention. En Suisse, la logique d’aménagement privilégie en effet la réalisation préalable des infrastructures de mobilité, qui accompagnent ensuite le développement urbain. C’est le cas dans le canton de Genève : le tramway des Transports publics genevois (TPG) s’achève aujourd’hui à Bernex, en pleine zone agricole. Ce choix anticipe un vaste programme d’urbanisation prévoyant à terme la création de 5 700 logements et autant d’emplois. La situation est comparable à Plan-les-Ouates, où la ligne 15 traverse actuellement champs et vergers, mais où un projet de 3 800 logements, complété par des écoles, des services et des commerces, verra le jour autour de cet axe structurant.

Dans le Pays de Gex, la dynamique est différente. Le dernier Plan local d’urbanisme intercommunal valant Programme local de l’habitat (PLUiH), document destiné à organiser la densification du bâti, a été adopté sans qu’aucun Plan de développement des mobilités (PDM) n’ait été élaboré, alors même que celui-ci est obligatoire depuis la loi d’orientation des mobilités (LOM) du 24 décembre 2019. La loi impose en effet l’existence d’un PDM pour tout territoire dépassant 100 000 habitants, seuil franchi par Pays de Gex Agglo dès 2017.
Même en l’absence d’un PDM, certaines études auraient dû permettre d’envisager une urbanisation cohérente, notamment le long de l’emprise ferroviaire de la ligne du piedmont jurassien. En 2020, l’exécutif communautaire a commandé à un bureau d’ingénierie une étude consacrée aux mobilités. Celle-ci concluait notamment :
« Le projet de RER – actuellement inscrit au projet d’agglomération de cinquième génération du Grand Genève – doit être envisagé à l’horizon 2050+. L’investissement, estimé à un milliard d’euros, ne pourra être justifié que dans le cadre d’une urbanisation significative le long de la voie ferrée. »

Le même document soulignait par ailleurs que le tramway vers Saint-Genis-Pouilly constituait la meilleure solution intermédiaire, et que la mise en place d’un BHNS – pourtant programmée pour 2028 – impliquerait une correspondance obligatoire avec le tramway, limitant ainsi son efficacité en matière de report modal.

En définitive, la nouvelle diamétrale ferroviaire du canton de Genève se prolongera dans le Pays de Gex en direction de Saint-Genis-Pouilly. Ce choix s’explique moins par une logique de densification urbaine que par des considérations financières et foncières : la majorité du tracé repose en effet sur une emprise déjà détenue par la SNCF, réduisant fortement les coûts de construction.
Cette situation doit cependant être perçue comme une opportunité. La révision prochaine du PLUiH offre en effet à Pays de Gex Agglo la possibilité de redéfinir sa stratégie urbaine, en intégrant pleinement les enjeux de mobilités durables et d’adaptation climatique. L’objectif doit être de proposer des logements accessibles, bien desservis par les transports collectifs, situés à proximité des services et des commerces, et conçus pour anticiper les aléas climatiques à venir, afin de limiter la dépendance aux véhicules motorisés individuels.
Enfin, d’autres solutions doivent être envisagées pour le barreau Ferney-Voltaire – Gex, parmi lesquelles le prolongement du tramway des Nations vers Gex sous la forme d’un tram-train. Ce modèle, largement éprouvé dans la région bâloise, a démontré son efficacité et pourrait constituer une réponse concrète aux besoins de mobilité des quelque 33 000 habitants résidant entre Gex et Ferney-Voltaire.





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